
Ciò che siamo
Rencontre hebdomadaire autour d'un thème donné pour débattre dans un café. Tout le monde est le bienvenue, venez comme vous êtes, avec vos connaissances, vos idées, et votre point de vue.
Eventi futuri
3

Café-Philo du Mardi
Le Café de la Cloche, 4 Rue de la Charité (Lyon 2ème), Lyon, FRRDV à partir de 19h20 (début de la séance 19h30), au café de la Cloche proche de la place Bellecour.
Texte introductif proposé par Nicolas:
Le cinéma
Le cinéma permet-il de vivre par procuration ?
Parmi les formes d'art qui nous sont familières, on tend souvent à considérer le cinéma comme la plus à même de représenter le réel. A mesure que sa grammaire s'étoffe et que ses techniques se précisent, le cinéma parvient à susciter nos émotions et à stimuler notre corps presque "comme si on y était"... Voire plus encore que si on y était ?
Dès le début des années 50, André Bazin, fondateur des Cahiers du Cinéma, se fait l'apologue du réalisme cinématographique. Souvent confondu avec le naturalisme, qui vise à retranscrire le réel tel quel, le réalisme cinématographique vise plutôt à nous faire accepter une fiction que l'on reconnait comme telle, nous faisant temporairement oublier le vraisemblable au profit du récit. Ainsi, on pourra compatir au sort des personnages qui nous sont montrés, on rira ou pleurera avec, on partagera des moments de leur vie pourtant factice de bout en bout, pour finalement revenir à nous-mêmes. Ces émotions que nous vivons à travers la fiction sont-elles comparables à ce que nous éprouvons pour le tangible, le "vrai" ?
On pourrait ainsi poser la question du ressenti du spectateur face à une oeuvre de fiction en comparaison à un documentaire, format qui se veut plus "réaliste". Combien de héros de fictions ont-ils suscité en nous des émotions telles qu'on les confondrait presque avec des proches ? En comparaison, de combien de "personnages" de documentaires, pourtant réels, sommes-nous capables ne serait-ce que de retenir le nom ?
Il semble que notre rapport à la fiction, plus encore que de se confondre avec le réel, tend parfois même à le dépasser. Les outils du cinéma sont en effet pleinement exploités pour mieux mobiliser nos sentiments. Aussi peut-on observer que la conjugaison du cadrage, des mouvements et de la musique qui accompagne les scènes de fiction entraînent une stimulation du système limbique - régulateur des comportements complexes comme les émotions - anormalement élevée. Faute d'études comparatives, on pourrait se laisser aller à se demander si la réponse émotionnelle face à une situation réelle ne serait finalement pas plus faible, car moins saturante pour nos sens. Ou peut-être faudrait-il, lorsque nous vivons des situations dramatiques, qu'un monteur son caché dans un recoin nous accompagne d'une mélodie triste au violon pour nous rappeler que c'est "pour de vrai" ?
Notre empathie pour des souffrances réelles ne risquerait-elle pas de paraître fade en comparaison de personnages aidés par une mise en scène virtuose ? N'a-t-on pas vécu au moins une fois dans notre vie un deuil lorsqu'un personnage de film ou de série auquel nous tenions passait à trépas ? Les innombrables morts bien réelles documentées par nos écrans auront beau susciter notre colère, le sacrifice de Jacques pour sauver Rose saura mieux nous serrer la gorge, alors qu'il y avait de la place pour deux sur la planche !
On considère généralement que, face à des situations fictionnelles, nous pouvons nous "entraîner" à exprimer nos émotions, mieux nous comprendre nous-mêmes pour mieux interagir avec nos semblables. Mais, à la place, le réel ne serait-il pas devenu un entraînement pour faire de nous de meilleurs spectateurs, vivant à travers le fantasme de l'écran des aventures auxquelles nous tenons bien plus qu'une réalité dans laquelle nos longues heures de bureau ne sauraient être gommées par un fondu enchaîné ? Que dire alors, si cette fiction plus vraie que nature prend forme de propagande ? Nos systèmes de valeurs pourraient-ils se retrouver bouleversés par notre exposition à un cinéma produit en leur nom ? Notre porosité émotionnelle nous rendrait-elle plus prompts à adhérer à l'illusion derrière l'écran plutôt qu'au réel ?
Sources :
Comment le cinéma influence nos émotions et nos comportements
https://www.les-loisirs.net/le-7eme-art-comment-le-cinema-influence-nos-emotions-et-nos-comportements/
Le réel existe, c'est le film
https://shs.cairn.info/revue-chimeres-2016-2-page-27?lang=fr
André Bazin et l'apologie du réalisme cinématographique
https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=870
Le réalisme au cinéma, c'est chiant ?
https://www.youtube.com/watch?v=5pMcYiyvgX0
Est-ce normal de vivre un deuil à la fin d'une série télé ?
https://journalmetro.com/culture/ecrans/2805342/est-ce-normal-vivre-deuil-fin-serie-televisee/
Comme au cinéma
https://www.youtube.com/watch?v=ywSlHqznGZI8 partecipanti
Eventi passati
302