Café-Philo du Mardi


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Sujet de ce mardi 24 juin: La Prison
Existe-t-il des prisons immatérielles ?
Dans un sens premier, la prison se réfère à un lieu où sont enfermés des personnes condamnées à une peine, dès lors privées de liberté. Que ce soit du système carcéral pour un prisonnier, de la maison pour une femme dans un régime où elle n'a pas le droit de sortir seule, ou même du corps pour certaines personnes comportant une dysphorie de genre, l’idée de prison semble indissociable d’une barrière inexpugnable. Mais s’il semble impossible de s’évader d’une cellule aux murs bien tangibles, ne l’est-il pas plus encore d’une prison sans barreaux ?
L’Habitus, pour Pierre Bourdieu, est un mouvement d’intériorisation d’un environnement de conditions sociales. Il est la manière dont les individus se rapportent au monde selon les schémas qu’ils ont incorporés de par leur condition d’existence. L’éducation, le groupe social, et tout un ensemble facteurs normeraient l’individu. Dans cette perspective nos choix sont donc en parti déterminés par les circonstances qui nous façonnent. D'un point du vue subjectif ne remettons-nous pas en question notre propre légitimité dans un milieu auquel nous ne nous sentons pas appartenir. Le rire et le mépris deviennent une porte fermée au nez pour toutes personnes n’ayant pas incorporé les goûts et les dégoûts d’un milieu jamais foulé. La violence symbolique, reliée à la classe sociale est autant une barrière sociale, qu’elle en devient une prison psychique tant l’estime de soi est modulé par le regard de la société.
Sartre voyait dans le regard d’autrui une objectivation de soi, qui contraint l’individu à “être” au lieu d’ ”exister”, l'empêchant alors de vivre pleinement. ‘L’enfer c’est les autres’. Sommes-nous captifs du regard de l’autre ? Cherchons-nous inconsciemment à conformer notre image à celle que notre prochain nous prête ? Le panoptique de Bentham, architecture carcérale pensée pour que les prisonniers se sentent constamment surveillés, s’aligne avec l’idée que l’on est enfermé par le jugement de l’autre. Qu'en est-il à l’échelle sociétale ? Pour Foucault, il serait la pleine et permanente individualisation qui permettrait alors de surveiller et de contrôler chaque individu. Vivrait-on dans un panoptique sans en avoir conscience ?
On va à l’école pour aller au travail. On va au travail pour gagner de l’argent. On gagne de l’argent pour consommer… Dans un système capitaliste qui ne s'arrête plus, sommes-nous réellement libres si nous sommes contraints de travailler pour survivre ? Le nombre croissant de burn-out, qui se traduisent par la dépression liée au surmenage professionnel, ou encore la réflexion de la chroniqueuse Julie Graziani sur LCI: “Si on est au SMIC, il ne faut pas divorcer.” sont autant de symptômes de prisons économiques cautionnées par la société, que ce soit dans un travail pouvant devenir aliénant plutôt qu’émancipateur, qu’au sein d’une cellule familiale.
N’y a-t-il pas une propension plus élevée chez certains individus à se retrouver incarcérés ? Une forme de conditionnement sociale ? L’une des fins de la prison est d’isoler les hors-la-loi de la société. Les mettre à l’écart. Mais certains n’étaient-ils pas exclus avant même leur condamnation ? Prisonniers avant d'être prisonniers. La prison a aussi pour fonction de réinsérer les détenus au sein de la société. Mais loin de trouver un emploi, ces derniers subissent une discrimination à l’embauche liée à leur casier judiciaire. Sachant que le taux de récidives et de réincarcérations sont particulièrement élevés en France, on peut se demander si le condamné ne reste pas en prison même après sa libération ? Il reste en marge de la société, exclu, toujours abandonné par celle-ci. Prisonnier de son isolement.
L'habitus: au cœur de la sociologie de Bourdieu
https://secession.fr/habitus-sociologie-bourdieu
Faut-il en finir avec la prison
https://youtu.be/wnuyLocJdNc?si=-gQ8TuVRaFoSoRX5
Le panoptique
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/panoptique#:~:text=Au%2Ddel%C3%A0%20de%20l'objet,1462
À qui profite la taule ?
https://youtu.be/zhwfh1vBabQ?si=X7ysJb751r2c25tg
Salvador, une méga prison contre les gangs
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/salvador-une-megaprison-contre-les-gangs-5677470
RDV à partir de 19h20 (début de la séance 19h30), au Parc de la Tête d'Or devant la grande serre, au pied de la statue de Jussieu.


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