Café-Philo Lyon

RDV à partir de 19h20 (début de la séance 19h30), au café de la Cloche proche de la place Bellecour.

Sujet de ce mardi 4 novembre: Le rire
Le rire peut-il être aliénant ?

Selon le centre national de ressources textuelles et lexicales, l’aliénation est notamment "ce qui prive l'homme de son humanité, de sa liberté". L'idée d'une humanité qui peut être entravée, sous-entend qu'il existe certaines caractéristiques que nous attribuons à une vie pleinement humaine. En contraste avec laquelle toute vie vécue, avec ses imperfections sera nécessairement une conditions d'existence dégradées : nous serions tous plus ou moins aliénés.

A la question de savoir si le rire peut être aliénant, nous pouvons poser celle des effets des différentes formes de rires et d'humour sur chaque aspect de nos vies et nous demander si tel ou tel idéal (tels que ceux qui constituent la devises de la république: liberté, égalité, fraternité), ou des attributs de l'individu: l'intelligence, la conscience de soi ou des autres, la discipline…. peuvent être ou non entravés par le rire, plus particulièrement certaines formes de rire. Faut t'il admettre que certaines facultés humaines ou moments de l'existence, nécessitent un sérieux absolu… que l’on arrête de rire ? Ou bien peut-on toujours laisser une place au rire ?

Mais de quel rire parle-on ? Considérons-nous l'acte lui même ou ce qui le rend possible, tel que l'humour et le sens de l'humour ? Tournons nous le regard vers l'état d'esprit de celui qui rit ? Ou de celui qui fait rire ? Interrogeons nous les motivations de l'amuseur, du caricaturiste, du troll… ou cherchons-nous à qualifier pourquoi on se laisse aller à rire ? A déterminer ce qui parfois nous force à rire malgré nous ?

Si on considère ce que fait le rire à notre rapport à soi : peut-on distinguer par exemple différentes formes d'autodérision ? Depuis celles qui consistent à jouer sur nos spécificités, les caricaturer au risque de se retrouver irrémédiablement identifié à celles-ci… à une autodérision perçue comme un signe d'aisance sociale. Ne rit-on pas parfois pour ne pas ressentir, masquer une douleur, une honte, une vulnérabilité, feindre le détachement ? Si le rire devient une façade, n'y aurait t'il pas aliénation car je ne vis pas pleinement ce que je suis ?

Qu’en est-il de la fonction sociale du rire ? Dans quelles cas peut-il être tyrannique vis-à-vis de l’individu ? Le serait-il uniquement pour l’individu moqué ou également pour celui qui est tenu de “rire avec”. Qu’est-ce qui caractériserait un rire qui rassemble sans être excluant ? Le fait que le rire puisse être “convenu” - qu’il se conforme à des codes sociaux bien établis - n'en fait t’il pas un facteur de cohésion, voir un outil de résistance ? Ou bien de coercition... dont le rôle serait de désamorcer toute déviance, toute contestation en la caricaturant, en jouant sur l'ironie et le sarcasme ?

Ainsi, si cette problématique nous invite à nous interroger sur la place que nous accordons au rire en fonction de nos idéaux, de ce que nous jugeons être une "vie bonne", elle nous permet aussi de dessiner en creux les limites du rire et la place que nous souhaitons laisser au sérieux, à la gravité... ou à la candeur.
Alors... fini de rigoler ? ;)