Y a-t-il un monde réel ? Arrêt sur Schopenhauer

PRÉSENTATION FAIT PAR MIHAI T

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Sur les traces d’autres grands penseurs comme Malebranche et Kant, Schopenhauer réalise sa propre réduction du monde à une simple représentation de notre conscience pensante. « Le monde est ma représentation », dit la première phrase du Monde comme volonté et comme représentation.

A notre époque, certains films, comme The Matrix, dont les réalisateurs affirment avoir été influencés par la vision philosophique « schopenhauérienne », illustrent à coups de grands moyens cinématographiques certaines implications spectaculaires de la philosophie de Schopenhauer, tout en montrant ce que pourrait devenir une conscience humaine pour laquelle le monde virtuel a totalement remplacé le monde réel.

Un monde sur lequel nous projetons le temps et l’espace et que nous essayons incessamment de faire rentrer nécessairement dans la moule du Nexus causal – c’est-à-dire du lien nécessaire de cause à effet – peut-il encore être appelé réel ? La seule chose vraiment matérielle qu’on peut connaître – toujours de l’intérieur – est notre corps, et c’est à travers la Volonté -l’autre grand concept de Schopenhauer, à part le monde comme représentation – qu’on le connaît d’une manière immédiate. Mais ce corps est-il alors autre chose que le simple prolongement de la volonté de vivre qui réside en nous et définit notre être?

Schopenhauer le dit lui-même : il n’y a pas de relations de cause à effet entre les objets extérieurs et le sujet connaissant (autrement sa philosophie serait de l’empirisme) ; il n’y a pas non plus de déterminisme de cause à effet, à partir du sujet vers les objets extérieurs (dans ce deuxième cas, Schopenhauer serait lui-même un philosophe idéaliste) – selon lui, il n’y a pas de prééminence dans le couple sujet-objet ; les deux pôles de la connaissance ne peuvent tout bonnement pas être séparés l’un de l’autre. L’un est le corrélatif de l’autre et l’antériorité de l’un des deux termes ne peut pas être établie au détriment de l’autre.

« La première (moitié) est l’objet, qui a pour forme l’espace, le temps, et par suite la pluralité; la seconde est le sujet, qui échappe à la double loi du temps et de l’espace étant toujours un et indivisible dans chaque sujet percevant. Il s’ensuit qu’un seul sujet, plus l’objet, suffirait à constituer le monde considéré comme représentation, aussi complètement que les millions de sujets qui existent ( …) »

Le radicalisme de cette philosophie trouve ses racines à la fois dans le Romantisme allemand, dont Schopenhauer est le contemporain, et dans l’enseignement de Bouddha. Dans quelle mesure ses arguments sont-ils symptomatiques et dans un rapport de cohérence avec cette philosophie moderne, qui depuis Descartes nous apprend à chercher les certitudes toujours dans l’espace intérieur de notre conscience et à nous méfier du concept même de monde extérieur ?

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