Tue, Nov 25 · 7:30 PM CET
Le féminisme est-il forcément lié au genre ?
Autrement dit, faut-il être une femme pour défendre le combat des femmes pour une égalité juste avec les hommes ? C’est un sujet qui touche à la difficile question de l’accès à la subjectivité des individus et de la place que celle-ci tient dans le fonctionnement des rapports sociaux.
S’il est vrai que nous avons toujours besoin des mouvements féminismes, tant on constate l'actualité de ses enjeux, on peut s’interroger sur le fait que cet axe politique fût rarement pris en compte et défendu par les hommes. Le féminisme a souvent été incarné par des femmes. On peut remonter à 1495 avec le livre sur « La condition féminine » de Christine de Pizan. Même si, en France, 40% des hommes se déclarent féministes, leur réaction prédominante envers les féministes est de l’ordre du déni, de la ridiculisation et de la violence. Une autre stratégie passe par un discours libéral célébrant la diversité des points de vue ou la thèse d’un consentement et d’une adhésion des femmes à la domination, en oubli du fait que, comme l’a écrit Nicole-Claude Mathieu, «céder n’est pas consentir».
Comment expliquer le ralliement de certains hommes à la cause féminisme ? Serait-ce par amour, par besoin de justice, par intérêt, par stratégie – une autre ruse du patriarcat ? Plusieurs typologies des hommes se déclarant pro-féministes ont été décrites : le poseur (qui joue sur les apparences féministes pour plaire aux femmes), l’insider, l’humaniste, l’auto-flagellateur.
Trouver sa juste place dans les luttes féministes, en tant qu’homme, n’est donc pas si évident.
Changer un système qui sert leurs intérêts serait-il contre nature pour un genre masculin construit dans l’infériorisation du féminin ?
Le sociologue lyonnais Léo Thiers-Vidal parle d’une « expertise politique masculine », les hommes apprennent et connaissent les nombreux moyens d’exercer du pouvoir sur les femmes, tout en ayant une propension à nier les rapports d’oppression, d’appropriation et d’exploitation.
Dans un rapport de domination, la vision des dominées conscientes est plus « lucide » que celle des dominants (l’épistémologie du standpoint). Des catégories d’hommes moins privilégiées pourront-elles être des alliées potentielles, mettant en scène une intersectionnalité des luttes féministes ?
Le système patriarcal aurait-il besoin, pour se perpétuer, d’intégrer la critique féministe pour réaliser une version plus acceptable de la domination masculine ? Alors que l’opinion publique et une partie des médias continuent de dévaloriser les militantes féministes, les hommes engagés bénéficient souvent d’une image positive en affichant publiquement leur féminisme. Quelles questions se pose l’homme « déconstruit » ? S’il se concentre sur sa propre masculinité plus que sur son rôle dans le système de domination, pourrions-nous parler dans ce cas d’un pseudo-féminisme masculiniste ?
Que se passe-t-il en pratique quand des hommes deviennent féministes ? Un abord symétrique pourrait leur faire dire que le patriarcat impose des injonctions aux femmes comme aux hommes, le patriarcat serait-il autant un problème pour les hommes que pour les femmes ? Dans ce contexte, certains se focalisent sur une souffrance spécifiquement masculine, sollicitant encore plus de « care » de la part des femmes. La notion d'« habitus » (Bourdieu) peut être ainsi utilisée pour légitimer un patriarcat désincarné (extérieur, subi par les hommes #notallmen), minimisant la l'acquiescement et la participation active des homme en tant qu'individu.
Les hommes seraient-ils les pantins du patriarcat ? Des recherches montrent que la connaissance militante de l’oppression subie par les femmes ne conduit pas les hommes à en accepter la réalité au plus proche d’eux-mêmes ou en eux-mêmes. La conscience de la domination empêcherait-elle tout partenariat avec des hommes (pro-)féministes, même s'ils se positionnent en alliés responsables, en non en leaders ou en sauveurs ?
Sources :
Nouvelles questions féministes
https://shs.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2008-3-page-88?lang=fr&ref=doi
Ben Névert est-il vraiment féministe ?
https://www.youtube.com/watch?v=CbnYwB8sU0I
Impliquer les hommes dans l’égalité : bien sûr, mais avec précaution
https://www.50-50magazine.fr/impliquer-les-hommes-dans-legalite-bien-sur-mais-avec-precaution/
Simone Veil, Olympe de Gouges:
https://share.google/M3foK3O3HtLBkOvWu
La véritable histoire du féminisme:
https://youtu.be/Ay5C5b1_7yw
Femmes, féminisme et philosophie :
https://share.google/yZaGKxb90axKbW4ZP
Le patriarcat
https://www.facebook.com/share/v/1JU3rYUj2N/?mibextid=wwXIfr
Peut-il y avoir des hommes féministes?
https://www.youtube.com/watch?v=TFZvn0i_t8A
Les bons alliés et les faux amis du féminisme
https://www.youtube.com/watch?v=1G8st0GnK9g
Les alliés, les hommes, le féminisme
https://www.youtube.com/watch?v=1pZUubWJZ4E
Pov : ton premier date avec un mec « déconstruit »
https://www.instagram.com/reel/Cs_nlI4ul5z/?igsh=MXdwa2Y1d25oaHZjYw%3D%3D
C'est quoi un homme performatif ?
https://www.youtube.com/watch?v=BpexvlTHCxk
Gender Theory
https://www.youtube.com/watch?v=UD9IOllUR4k
Peut-il y avoir des hommes féministes ?
https://www.youtube.com/watch?v=TFZvn0i_t8A
Féminisme
https://share.google/tbE5qxZtQgtaAzQL3
Les collègues
https://www.lescolleuses.fr/blogs/carnet-des-colleuses/les-differents-types-de-feminisme-lequel-vous-correspond
RDV à partir de 19h20 (début de la séance 19h30), au café de la Cloche proche de la place Bellecour. Le sujet de chaque séance sera voté lors des séances précédentes et une introduction avec propositions de lectures/vidéos publiée quelques jours avant.