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RDV à partir de 19h20 (début de la séance 19h30), au café de la Cloche proche de la place Bellecour.

L’ivresse, plutôt associée à l’irrationnel, à l’alcool, à un excès, un dérapage du corps voire du comportement, prend des formes bien plus larges : elle peut être émotionnelle en plus de physique. Ainsi, on peut être ivre d’un souvenir, de satisfaction, du succès, de vitesse, etc. Les enfants connaissent des formes d’ivresse, d’exaltations spontanées, de joie, de colère, souvent même plus intenses que les adultes. L’ivresse peut donc être intentionnelle ou non, voire subie.

Alors, pourquoi peut-on vouloir être ivre ? pourquoi peut-on en avoir peur ? Une vie sans ivresse mérite-t-elle d’être vécue ? La question sous entend qu’un contrôle parfait de soi est possible. Or pour un humain c’est inconcevable : notre sensibilité fait que nous sommes tous « ivrables ». Même les plus rationnels : physiquement d’abord, mais aussi émotionnellement : de cohérence, de principe, de lucidité, etc. Dans tous les cas, avec l’ivresse notre perception est impactée. Cette vulnérabilité dérange notre rapport au monde : il dépend de notre état. L’ivresse brouille. Loin d’être irrationnelle, elle ne serait donc qu’une faille humaine de plus. Est-ce pour cette raison qu’elle inspire les artistes ? Certains jouent sur les substances pour créer. À quoi sont drogués les autres ? Peut-être au travail, au rythme ou au contrôle. Toutes les ivresses ne nous font donc pas régresser, ni ne nous démontent. On pourrait aussi en faire un moyen à ? D’ailleurs, l’ivresse fait-elle l’addiction ?

Quel est le piège de l’ivresse ? Son utilisation comme finalité ? Passer par l’ivresse pour fuir un système ? Une quête de perte de contrôle ? Lorsque la conscience fait souffrir, qu’il y a-t-il d’irrationnel à vouloir la mettre en pause ? Lorsque l’ivresse devient obsession que reste-t-il du choix ? Finalement quelle plus grande tristesse que de penser sobre à l’ivresse, sa nostalgie, la désirer sans l’atteindre ? Quitter l’oppression pour la dépendance à l’intensité semble en effet ne pas résoudre la question du sens…

D'un point de vue biologique, on pourrait imaginer qu’on puisse se passer d’ivresse, les légumes y arrivent très bien. Mais pourquoi une sobriété radicale lorsqu’on est capable de ressentir autant ? De créer, de dériver. Le monde est plein d’excès, de contradictions. Rester rigide là dedans, quel gâchis non ? D’un autre côté, la prudence, la prévisibilité, la conformité, l’ordre, contrôle de soi, etc. sont plutôt valorisés par la société, l’ivresse manifeste est même sanctionnée, d’autres discrètes sont socialement acceptées : performance, reconnaissance, réussite. Parfait pour faire tourner une machine.

L’inverse de l’ivresse est-il réellement la sobriété ? L’illusion de sobriété n’est-elle pas aussi trompeuse que la perception pendant l’ivresse ? Ainsi quitte à choisir, pourquoi pas l’ivresse ?

Et puis qu’est-ce qu’une vie qui mérite d’être vécue quand on y passe à la fin ? Qui pour y répondre pour tous ? La réponse à « vivre pour quoi ? » ne peut être qu’individuelle et contextuelle, en fonction de sa tolérance à l’ennui, au risque, aux normes ; à la valeur que l’on veut donner à sa vie. Vouloir vivre « encore », sachant qu’on va mourir, rechercher l’intensité, le plus malgré les risques, n’est-ce pas ça vraiment aimer vivre ?

Bref, qu’importe ce qui nous rend ivres, santé…

Texte rédigé par Jeanne

Ivresse
https://www.cnrtl.fr/definition/ivresse

Le statut de l'ivresse dans le fonctionnement mental
https://shs.cairn.info/les-ivresses--2908206315-page-7?lang=fr

Quand les Athéniens voyaient double…
https://reainfo.hypotheses.org/31943

L’ivresse - Alain
https://philosophe-alain.fr/propos/ivresse/

Réussir son “Janvier sec” avec Nietzsche
https://www.philomag.com/articles/reussir-son-janvier-sec-avec-nietzsche

Enivrez-vous - Baudelaire
https://clicnet.swarthmore.edu/litterature/classique/baudelaire/enivrez.html

L'ivresse - Feu! Chatterton
https://www.youtube.com/watch?v=wg0CF3RCoa8

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