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Rencontre hebdomadaire autour d'un thème donné pour débattre dans un café. Tout le monde est le bienvenue, venez comme vous êtes, avec vos connaissances, vos idées, et votre point de vue.
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See all- Café-Philo du MardiLe Café de la Cloche, Lyon
RDV à partir de 19h20 (début de la séance 19h30), au café de la Cloche proche de la place Bellecour.
Sujet de ce mardi 23 septembre: La viande,
L'être humain n'est-il que de la viande ?... Attention cette entrée en matière contient des ingrédients crus, palais sensibles s'abstenir :) ...
Si l'on se réfère au Codex Alimentarius, est une viande toute partie d'un animal "destinées" à la consommation humaine, et jugée conforme et saine à cet usage. Si elle comporte un élément de matérialité, cette définition fait appel à un élément fonctionnel : nourrir les êtres humains. Ainsi, selon les coutumes, pourront ou non être considérées comme viandes les morceaux de grenouilles, de hamsters, de chats... ou d'humains.
Malgré un tabou qui nous paraît universel, il semble effectivement que la frontière entre l'humain et la viande ait été franchie à plusieurs époques et en plusieurs lieux. En France, Montaigne introduit ainsi un terme désignant les groupes sociaux d'Amérique du Sud qui se livrent à ces pratiques dans un essai intitulé "Des Cannibales". Cette coutume, alors jugée barbare, a pourtant marqué jusqu'à l'histoire de France par soubresauts au moins entre le Moyen-Âge et la Renaissance. Aussi peut-on égrener les anecdotes faisant état de criminels dont, pour détruire l'âme, on dévorait le cœur ou le foie. Ramener symboliquement le corps à une denrée consommable a pour fonction de priver l'individu de son humanité et d'exercer sur lui l'acte de vengeance ou de souillure ultime.
En plus d'être considérés comme un sommet d'immoralité, la consommation de viande humaine à fin de nécessité est donc également rarissime. On pourra notamment retenir le crash du vol Fuerza Aérea Uruguaya 571, en 1972, après lequel les mourants ont pu consentir à être consommés après leur mort par les plus valides. L'acte a ici une double implication : assurer de meilleures chances de survie aux uns, et un prolongement symbolique de l'existence des autres, dont "une partie" pourra exister à travers leurs malheureux consommateurs. Serait-il plus condamnable de consommer le corps de celui qui a pu y consentir a priori, que de manger ceux qui ne peuvent ni défendre leurs droits, ni revendiquer un autre destin que de servir de nourriture ?
Si l'être humain n'est pas voué à finir en viande, le vocabulaire de la cuisine peut, à certaines occasions, lui être attribué. Aussi un candidat à un examen oral anticipe avec anxiété que son jury le passe à la casserole, seuls les officiers de police les plus adroits sauront cuisiner les suspects de crime divers, et nous trouvons à croquer les partenaires sexuels dont nous désirons le corps. Au titre de ce dernier exemple, la professeure Rebecca Dyer de Yale parle d'agressions mignonnes. Une violence timide, et un appétit réfréné, seraient consubstantiels de l'affection que nous éprouvons à l'égard de nos partenaires, de nos chats et de nos bébés.
Cet appétit littéral pour le corps n'est-il limité qu'à des moments où le langage ordinaire ne nous suffit plus à exprimer notre affection ? Lorsqu'on entend des séducteurs invétérés déclarer "partir à la chasse" aux partenaires potentielles, ou les plus désabusés parler du corps de l'autre comme de "sacs de viande", faut-il y voir une transgression dans laquelle les personnes ciblées seraient effectivement considérées que comme des consommables, sans conscience ni volonté propre, de la vulgaire viande ?
Ces situation extrêmes ne seraient-elles qu'une perversion d'un phénomène toujours présent dans notre intimité ? Ne pouvons-nous pas reconnaître dans certaines de nos expériences corporelles à autrui des goûts, que nous apprécions lorsque nous éprouvons de l'affection à son égard ? Ainsi un baiser aura-t-il le goût de l'alcool, d'un parfum, ou d'une infection de la prémolaire en cas de malchance... Faut-il y comprendre, comme le faisait Georges Bataille, qu'un baiser est "le commencement du cannibalisme" ? Ce que nous éprouvons alors serait-il, à notre insu, un appétit autant charnel que vorace ? Ne cherchons-nous pas, avec notre bouche, à matérialiser ce désir de nous confondre symboliquement, d'être notre corps et un autre à la fois ? Désirerions-nous de la même manière que nous aimons manger ?
Cannibales et anthropophages
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-fabrique-de-l-histoire/cannibales-et-anthropophages-8500548La viande humaine artificielle, c'est l'idéal du cannibale sans retomber dans la sauvagerie
https://www.philomag.com/articles/mondher-kilani-la-viande-humaine-artificielle-cest-lideal-du-cannibale-sans-retomPourquoi veut-on manger les gens qu'on aime ?
https://www.slate.fr/story/183774/pourquoi-manger-gens-amour-pulsion-enfants-mignons-partenaire-erotismeLe cannibalisme sentimental
https://www.sundialpress.co/2020/02/09/le-cannibalisme-sentimental/Youmeat, une application de cannibalisme collaboratif
https://www.echosciences-normandie.fr/articles/youmeat-une-application-de-cannibalisme-collaboratif-coralineL'être humain : une piètre valeur nutritive
https://www.hominides.com/etre-humain-pietre-valeur-nutritive/